Histoire : Le Calcio face aux épidémies.

Très durement touchée par la crise du Coronavirus depuis plusieurs semaines, toute l’Europe ou presque, est entrée en « hibernation ». Confinement oblige, la grande majorité des activités sont désormais réduites à leur strict minimum et ce pour une durée encore indéterminée. Le football ne fait naturellement pas exception à ces restrictions drastiques, lui rappelant au passage qu’il n’est qu’un divertissement.

Alors que chaque jour plusieurs centaines de personnes décèdent toujours du Covid-19 dans tout le pays, les diverses instances du football italien spéculent déjà sur une très hypothétique reprise des compétions avec des solutions plus ou moins réalistes (pour ne pas dire farfelues voir parfois carrément irresponsables), revenons sur les épisodes « similaires » qui ont perturbé le bon déroulement du championnat.

Épidémie de choléra

Au cours de son histoire, le championnat de football italien fut déjà malmené par une crise sanitaire lors de la saison 1973-74. A l’époque, c’est le danger d’une épidémie de choléra qui, au cours de l’été 1973, va toucher l’Italie. Apparu à Naples en date du 20 août, elle va alors provoquer angoisse et panique dans tout le pays bien que la crise soit rapidement contenue grâce à diverses mesures sanitaire et à un plan de vaccination massif réalisé avec l’aide de l’armée américaine. Au total, entre les villes de Naples, Bari, Cagliari, Foggia, Taranto, Caserta et quelques autres communes plus petites, on dénombra 227 personnes infectées et 24 décès.

Si statistiquement la crise du choléra fut finalement négligeable, la psychose engendrée (et largement relayée par les médias de l’époque) ne fut pas sans conséquence pour de nombreux secteurs d’activités. Au niveau footballistique, c’est le dernier jour d’août que les perturbations dues à l’épidémie débutent dans le cadre de la Coupe d’Italie. Les dirigeants du Bologna (vainqueur de la compétition au terme de la saison) demandent alors le renvoi du match que leur équipe doit disputer quelques jours plus tard à Naples. Parallèlement, le Maire de Bari interdit la tenue de la confrontation entre Bari et Palermo. Dans la même dynamique, la Lega décide d’ajourner la rencontre entre le Foggia et la Juventus prévue à la même période.

Corriere
La une du Corriere d’Informazione du 17 septembre 1973.

Mi-septembre, les effets engendrés par l’épidémie touchent également le bon déroulement du championnat. Le 16 septembre, la Région de Ligurie demande à l’équipe du Napoli de ne pas se déplacer en vue du match l’opposant au Genoa, alors que dans le même temps l’Hellas Verona se demande s’il est judicieux de se rendre à Bari pour la rencontre qui doit l’opposer à l’équipe locale. La Lega va alors intervenir en imposant la tenue des deux matchs mais à terrains inversés, contraignant l’équipe génoise à se rendre au pied du Vésuve. Les médias continuant à insister sur la crise sanitaire, la veille des matchs, les joueurs des équipes du Genoa et de l’Hellas Verona refusent de se rendre dans le sud du pays (et ce contre l’avis de leurs dirigeants et sans le soutien de leurs tifosi et des médias, seule l’Association des Footballeurs appuyant leur démarche…), indiquant que leur santé est plus importante que le football.
Pourtant, après les défaites 0-2 au tapis vert et 1 point de pénalisation infligés aux deux équipes « récalcitrantes », on commença néanmoins à parler de « championnat en danger ». La FIGC refusa pourtant toute hypothèse de renvoi de la compétition. Dès octobre 1973, la saison pu régulièrement se poursuivre.

Épidémie « nationaliste »

Pour trouver le premier (et l’unique) précédent de l’arrêt du championnat italien, il faut remonter à la saison 1914-15. A l’époque, c’est l’entrée en guerre de l’Italie en date du 24 mai 1915 qui mis un terme à la plupart des compétitions sportives jusqu’à l’arrêt des hostilités de la Première guerre mondiale, provoquée par « une épidémie de folie nationaliste », en novembre 1918. Le Calcio repris ses droits lors de la saison 1919-20.

Football guerre

Notons encore que la Seconde guerre mondiale ne provoqua pas l’arrêt du championnat en cours de compétition, mais l’annulation des saisons 1943-44 et 1944-45.

Similitudes historiques

Au regard de la crise actuelle engendrée par le Covid-19, les deux épisodes que dû affronter le football en 1915 et 1973 peuvent sembler bien différents sous de nombreux aspects. Pourtant, ils démontrent qu’hier comme aujourd’hui, le Calcio n’est qu’un sport et un divertissement et que par conséquent il doit toujours être traité comme tel, avec ou contre l’avis des instances nationales et sportives, des dirigeants, des supporters ou des médias. Un jeu doit rester un jeu, la préservation de la santé devant prévaloir sur toutes autres considérations !

Quant à la question de la « conclusion » de la saison actuelle, la solution la plus raisonnable et respectueuse de l’effort national fourni par tous ceux qui lutte en première ligne contre le coronavirus, ne serait-elle pas de tout simplement arrêter de parler de reprise, de n’attribuer aucun titre et de valider le classement à la mi-saison, soit au terme de la 19ème journée dans un soucis d’équité?

Curiosité : la Lazio à chaque fois dans la course au titre

Relevons encore qu’au cours des périodes d’épidémies qui ont touché le Calcio, l’équipe de la Lazio fut à chaque fois en course pour le titre national.
En 1915, au terme de la saison régulière, en tant que vainqueur du groupe Centre-Sud, l’équipe de la capitale aurait dû affronter en finale du championnat le Genoa, vainqueur du groupe Nord. Ce match ne sera jamais joué.
La saison 1973-74 marqua pour sa part le premier Scudetto de la Lazio. Quant à celle en cours, lors de l’arrêt de la compétition, l’équipe romaine se trouvait à un point de la première place, soit en pleine course au titre.

Lazio 1973
Lazio 1973/74


Crédit image accueil : Capri23auto de Pixabay

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