
Gasperini : « Je vois un grand enthousiasme, une grande passion pour le football et pour atteindre des objectifs élevés ».
Gian Piero Gasperini a été présenté comme le nouvel entraîneur de Giallorossi lors de la conférence de presse du 18/06/2025 au centre sportif « Fulvio Bernardini ». Voici ses déclarations.
Que vous a demandé Dan Friedkin ? Vous a-t-il demandé d’installer durablement la Roma en Ligue des Champions ? Et vous êtes-vous déjà demandé pourquoi la Roma ne parvenait pas à être compétitive à ce niveau ?
« Les premiers contacts, je les ai eu avec Claudio. Il m’a décrit en détail la réalité de Rome et de ce club. Les péripéties traversées, certaines positives, d’autres négatives ces dernières années. Ensuite, j’ai eu l’occasion de rencontrer les Propriétaire. J’ai rencontré des personnes très enthousiastes à propos de la Roma. Je ne sais pas si cela transparaît, mais d’après nos échanges, ils m’ont dit qu’ils consacraient beaucoup de temps à la Roma, qu’elle occupait leurs pensées. Ils m’ont parlé de projets ambitieux qu’ils ont du mal à concrétiser pour l’instant. À travers Claudio, ils ont vu en moi la possibilité de construire quelque chose de solide, de fort. Nous avons aussi échangé sur leurs idées. Bien sûr, nous sommes pleinement conscients de la situation liée au Fair Play Financier, des deux prochains mercatos. Mais il s’agit aussi d’un club, d’une propriété très solide, qui a l’intention d’investir dans la Roma, peut-être de manière plus durable qu’auparavant. Surtout, ils veulent amener la Roma au sommet. Cela m’a suffi pour avoir une impression favorable et positive ».
Qu’est-ce qui vous a convaincu de venir ici ? Avez-vous des craintes ? Peut-être cette salle de presse si pleine ? Rome n’est pas Bergame, elle a une liturgie et des dynamiques particulières. Cela vous fait-il peur ?
« Depuis mon arrivée, tout le monde m’a mis en garde sur cette cette place qu’est Rome, et sur combien il est difficile d’y atteindre ses objectifs sportifs pour toute une série de raisons. Moi, je pense que cela doit être une force, pas une faiblesse. Le fait que vous soyez si nombreux, qu’il y ait de la pression des radios, du public… Moi, de l’extérieur, je vois un grand enthousiasme, une grande passion pour le football et pour atteindre des objectifs élevés. Toute cette énergie doit être canalisée de la bonne manière. Si, par le passé, il y a eu des difficultés à atteindre certains objectifs, c’est probablement qu’on peut encore corriger des choses, non ? Faire avancer les choses dans la bonne direction, pour rendre la Roma plus compétitive, aussi parce que l’énergie que l’on perçoit est extraordinaire. Si Naples a gagné deux fois le Scudetto en trois ans, si Paris est devenue la capitale du football et non plus du tourisme, cela veut dire qu’on peut réussir ailleurs aussi. Mais pour y parvenir, il faut construire, bien le faire, et orienter toutes les composantes dans la bonne direction. Puisque vous aussi êtes supporters de la Roma, vous voulez le meilleur pour l’équipe, comme ceux qui sont de l’autre côté. Si on parvient à faire cela, on sera plus forts, je pense ».
Comment pensez-vous créer un lien avec les tifosi ?
« Je pense que le lien avec les tifosi a toujours existé. Ce qui compte de mon côté, ce sont les résultats. Mais il faut aussi définir ce qu’on entend par résultats. Ce qui m’a poussé à accepter ce poste, c’est la possibilité de faire les choses bien, d’élever le niveau. Bien sûr, si je prends les résultats de Claudio sur les 22-23 derniers matchs, ils ont été extraordinaires. Cela prouve que ce qui compte le plus, c’est l’équipe. Il a donné une démonstration essentielle, au-delà des individualités — même s’ils sont importants — en faisant participer tout le groupe. Même les remplaçants aidaient, poussaient. C’est une valeur à défendre, à conserver. Et c’est la base pour construire une équipe et obtenir le meilleur ».
« On ne peut pas faire des plans sur dix ans dans une ville comme Rome, il faut aller plus vite, être concret. Mais il faut aussi partir de la base actuelle, construire une équipe, espérer que les tifosi s’identifient à cette équipe : par son jeu, par la manière dont elle affronte les adversaires, par la manière dont elle gagne — et même parfois dont elle perd. C’est la première chose que je veux mettre en place. Le reste viendra ensuite ».
Dybala peut-il devenir un joueur de la Roma de Gasperini ?
« J’espère ne pas modifier la physionomie de Dybala, c’est très bien comme ça. J’espère que Dybala aille bien, qu’il soit en bonne santé et en bonne condition physique. Pour lui comme pour beaucoup de joueurs. Il y a un potentiel collectif qu’il faut identifier dans toutes les composantes. Où tous pousse dans la même direction, sans individualisme, pour un objectif commun. Et puis il y a les individus sur lesquels le staff et tout le monde se mobilisent pour essayer d’améliorer la condition physique, leur technique, leur tactique, leur personnalité. Si le niveau des individus s’élève, l’équipe en profite aussi. Cela a toujours été mon travail, peut-être parce que j’ai beaucoup travaillé avec les jeunes, ce qui m’a permis de travailler sur la perspective des joueurs. Voilà les objectifs. Il n’y a pas de joueurs qui ne soient pas adaptés, il faut être en bonne santé. Dybala est un excellent joueur, et quand il rencontre des difficultés, on l’apprécie moins aussi. Nous devons essayer de faire en sorte que les joueurs se sentent bien autant que possible ».
Que pensez-vous de Dovbyk et Abraham ? Et dans quelle mesure peuvent-ils progresser ? Vous avez valorisé des avant-centres comme Milito, Zapata, Scamacca et Retegui.
« Tous les joueurs mentionnés étaient déjà de bons joueurs. Je ne pense pas leur avoir jamais donné plus que ce qu’ils avaient déjà. Je peux seulement me féliciter d’avoir su faire ressortir le meilleur d’eux-mêmes. Si de nombreux attaquants ont souvent été performants, c’est aussi grâce à la façon dont mes équipes ont joué. Nous avons toujours figuré parmi les équipes les plus prolifiques du championnat, parfois même parmi les meilleures, probablement grâce à la façon dont l’équipe a interprété le jeu. C’est une de mes qualités que je souhaite absolument réaffirmer ici à la Roma. Cependant, il est clair que nous partons de ce que nous avons déjà. Toutes les évaluations du mercato et les possibilités de changement seront prises en compte en cours de route ».
Seriez-vous heureux si vous vous retrouviez à la fin de cette saison ?
« Je pense que le meilleur résultat est la qualification pour la Ligue des champions. Je ne pense pas que la Roma puisse se battre pour le Scudetto pour le moment, mais on ne sait jamais. Je pense que c’est l’objectif que nous devrions nous fixer. Mais mon objectif est de renforcer cette équipe, avec autant de joueurs internationaux que possible, de construire un noyau de joueurs de plus en plus large, capable d’assurer la continuité de cette équipe, de créer le noyau dur sur lequel, peut-être l’année prochaine, même avec plus de disponibilité, nous pourrons intégrer des éléments qui pourront élever le niveau, des joueurs hors de portée pour le moment, mais que j’espère que la Roma pourra intégrer avec le temps. C’est le premier programme auquel j’aspire ».
Par rapport à votre expérience à l’Inter en 2011, pensez-vous que vous allez changer d’attitude ou de façon de faire les choses ?
« Il faut envoyer des signaux forts dès le départ, rallier les tifosi, meme sans gagner tous les matchs ni atteindre des objectifs impossibles. Il faut donner une identité à cette équipe, les tifosi doivent faire confiance à cette équipe, mais inutile de le préciser, ils doivent la soutenir, comme ils l’ont toujours fait. C’est notre plus grande ambition : créer cette synergie avec les supporters et le public nous permettra de mieux surmonter les difficultés imposées par l’adversaire. C’est un championnat très difficile, si l’on considère tout ce que la Roma a accompli. Derrière, il y a des équipes qui sont restées hors des coupes, des équipes importantes, des équipes émergentes qui dépensent beaucoup pour remonter. Il y a une course, plus que pour le Scudetto, pour les places en Ligue des champions, qui sont celles où l’on doit se démarquer encore davantage et creuser l’écart avec les autres équipes. Il est clair que lorsqu’on arrive dans un endroit avec autant d’enthousiasme, il faut y aller fort. Être fort, c’est créer un environnement fort, avec une équipe qui vous suit. Si l’on y parvient, on se sent plus fort. tout ».

Vous parlez beaucoup de la constitution d’un noyau dur. Compte tenu des joueurs actuels de l’effectif, qui en font partie depuis des années, y en a-t-il qui sont plus ‘sacrifiables’ que d’autres ?
« Tout d’abord, nous devons partir de ce que nous avons, c’est-à-dire de ce que nous avons déjà. Les résultats obtenus, la volonté et l’état d’esprit, et c’est une valeur qui existe. Et nous devons repartons de là. Ensuite, il est clair que nous ne pouvons plus être les mêmes. Il est normal que je m’attende à un nouveau mercato qui puisse conduire à une amélioration, à une perspective différente, à des joueurs qui constituent le véritable noyau. Cela fera également partie du mélange. Ce ne sera pas une révolution complète, mais la Roma doit aspirer à recruter de nouveaux éléments pour mener l’équipe au sommet ».
Quel profil de footballeurs comptez-vous rechercher sur le marché ?
« Rares sont les équipes qui peuvent se permettre d’aller chercher des joueurs confirmés. Il faut souvent former des joueurs à domicile, recruter des joueurs émergents qui ont la possibilité de progresser et d’atteindre leurs objectifs. Il est clair que pour une équipe de haut niveau, il faut recruter des joueurs capables d’atteindre ces objectifs. Qu’il s’agisse de joueurs internationaux, de joueurs de valeur, de valeur en Coupe. C’est le programme qu’il faut suivre. Parfois même avec des joueurs émergents. Je me souviens, par exemple, de Mancini et Cristante, deux de mes joueurs. À l’époque, ils avaient quitté l’Atalanta assez tôt et ont ensuite intégré l’équipe nationale. J’aimerais que ces joueurs, quel que soit leur âge, aient pour objectif non pas de défendre leurs acquis, ce qui est toujours le cas, mais de réaliser la meilleure saison possible, la meilleure de leur carrière. Le moment n’est pas encore venu de se poser et de se gérer, il est temps d’atteindre le meilleur objectif, même à 30 ans. On n’est pas vieux. Même à 22 ans, on veut atteindre son objectif. C’est sans doute l’esprit qui nous anime. Si nous parvenons à mettre tout cela ensemble, nous aurons plus de possibilités. Je pars d’une base positive, celle de Claudio, qui en a été la démonstration. Les joueurs eux-mêmes ont vu leurs performances et leurs résultats évoluer. Si ces valeurs sont présentes, ce sont elles qui permettent d’atteindre les objectifs ».
Avez-vous déjà décidé comment redonner le sourire à Pellegrini ? Où l’utiliser sur le terrain ? Et sur Soulé, quel rôle lui correspond le mieux ?
« Pellegrini est blessé en ce moment. Mais cela s’applique à lui et à tous les autres : ils doivent avoir le moral et la mentalité nécessaires pour réaliser la meilleure saison possible. Vous appréciez Pellegrini, celui qui a marqué, qui entrait et qui marquait, et certainement l’avez-vous moins apprécié en difficulté. Soulé est un joueur offensif. Les joueurs offensifs doivent marquer des buts, faire des passes décisives, tirer des penaltys, avertir les adversaires. Ils doivent être des joueurs offensifs. Aujourd’hui, dans le football moderne, on attaque et on défend. Dans le football moderne, il est important d’être une équipe. Ce que nous voyons du PSG est extraordinaire. Ils ont perdu Messi, Neymar, Mbappé et atteignent des objectifs qu’ils n’avaient jamais atteints. Le Napoli qui a remporté le championnat l’a gagné collectivement. Il aurait pu y avoir une équipe plus forte ou plus faible, mais c’était une équipe. Et les meilleurs exemples le sont aussi. La Roma elle-même était une équipe. Ce sont les principes, il n’y a rien d’autre. Aujourd’hui, le football évolue à une vitesse inimaginable. On se rend compte qu’il faut y aller fort, comme dans les championnats étranger. Le football italien, s’il a des problèmes aujourd’hui, c’est que l’Atalanta a remporté la Ligue Europa 25 ans après la dernière victoire d’une équipe italienne, ce qui est mauvais signe. Hormis la Roma en Conférence. Depuis 2010, en Italie, nous n’avons pas remporté de Ligue des champions. Il faudrait peut-être se débarrasser de certains clichés et commencer à voir les choses sous un autre angle. Ce qui fonctionne, c’est autre chose. Et c’est donc dans cette voie que nous devons aller à mon avis ».

Quelle part de vérité dans l’inclusion de la Juventus avant votre signature à la Roma ?
« Oui, il y a eu un contact, mais j’avais le sentiment que la Roma était la bonne voie, au-delà de tous les risques qu’on m’énumérait sans cesse. Je pensais que pour ma carrière, pour m’exprimer, pour jouer au football, pour avoir un impact, il fallait et pouvait y avoir une situation idéale, fantastique, à suivre. Je me suis présenté à cette situation, c’était ce que je recherchais, ce dont j’avais besoin, et je suis convaincu d’avoir fait le bon choix ».
Avez-vous compris quel genre de problème a eu Juric à la Roma, lui qui a pris votre place à l’Atalanta
« Mon expérience est différente, même si Juric et moi avons partagé de nombreuses années comme joueur et moi comme entraîneur. Il y a aussi eu une période où il était mon assistant. Mais de nombreuses années ont passé, et entre-temps, les expériences ont été différentes. C’est vrai, ma façon de voir le football est la même, mais au fil des ans, elle a beaucoup évolué. Il y a deux aspects : attendre que l’équipe perde le ballon ou aller le chercher. Et c’est sur cela qu’on joue. Mais tous ces aspects sont valables, j’ai vu des équipes gagner ou perdre avec différents systèmes. Mon trait de caractère, c’est d’être un peu mal sans ballon, mais ce n’est pas toujours possible d’avoir le ballon, alors il faut savoir tout faire. Si vous me demandez quel est l’idéal, c’est d’avoir le ballon et d’aller le chercher haut, mais en football, il faut savoir tout faire. Aujourd’hui, beaucoup le font, le football a beaucoup changé et il faut une grande polyvalence. Le football est en constante évolution. Ce qui n’a pas marché avec Juric ? Je ne peux pas le dire, lui le sait mieux que moi ».
Quelles qualités et quels défauts aimeriez-vous combler ? Et comment réagirez-vous face à l’Atalanta ?
« Heureusement, nous rencontrerons l’Atalanta en janvier, ce qui nous laisse un peu de temps. Mon mérite, c’est de travailler, d’aimer travailler, d’aimer travailler sur le terrain. Quand on fait quelque chose et qu’on le voit sur le terrain ou chez un joueur, j’aime convaincre les joueurs. Je ne leur ai jamais rien imposé, j’ai toujours essayé de les convaincre. Beaucoup de mes résultats ont été positifs. Le mérite leur revient, avec leurs performances et leurs résultats. Quant aux défauts… j’ai du mal (rires, ndlr). Parfois, j’en demande trop, mais ce n’est pas toujours un défaut ».
Comment comptez-vous organiser la préparation athlétique ? Avec des fractionnés comme Zeman ?
« Quand je jouais pour Palerme, pendant le taureau au milieu du terrain, on voyait les jeunes de la primavera faire des fractionnés, mais moi je n’en ai jamais fait, même à ce moment là. Comme je l’ai déjà dit, pour moi, il est important que les joueurs prennent du plaisir, qu’ils aient la joie de faire le métier que nous aimons le plus, et en plus, on le fait avec la Roma, donc on doit se sentir très chanceux. L’entraînement est fondamental, c’est important. Comme dans tous les métiers, pour progresser. Il est fait pour fonctionner, pour se sentir bien, et pour essayer d’améliorer ses performances, l’entraînement ne peut pas être un problème. Il doit aussi être amusant, car le football doit être amusant. Prenons l’exemple de Pellegrini : si on ne sourit pas, on ne peut pas jouer au football. Les Brésiliens rient tout le temps : si un Brésilien est triste, il ne peut pas jouer au football. Et donc, même un footballeur doit toujours avoir un bon état d’esprit, comme dans tous les sports. Il faut créer ce climat de croissance, de collaboration, de transmission des meilleures situations pour progresser. C’est l’objectif visé, il ne doit en être autrement, il ne doit jamais y avoir de tension. Il y a des adversaires à vaincre. Et les adversaires sont extérieurs, pas à l’intérieur de lìéquipe. Il faut toujours arriver avec un bon état d’esprit, car les résultats à obtenir sont difficiles et tous sont bien armés ».