Mourinho : « Dybala ? difficile. Contre Milan, nous irons avec ce que nous avons et nous donnerons tout ».
José Mourinho s’est exprimé à la veille du déplacement au Giuseppe Meazza pour y affronter le Milan. Match comptant pour la 20è et pemière journée de la phase retour de la Serie A 2023/24.
« Tout d’abord, je tiens à m’excuser. Je suis ici depuis deux ans et cinq mois et durant cette période, j’ai été la seule personne à n’avoir jamais manqué une seule séance d’entraînement. Pour moi, il n’y a pas de maladie ou de mauvaise humeur, pendant deux ans et demi je n’ai rien manqué, pas même il y a deux semaines quand tout le monde était malade. Il y a deux mois j’avais besoin d’un jour pour une situation que je n’ai pas à expliquer, je l’ai expliqué aux propriétaires et au directeur Pinto. Dans un moment avec beaucoup de matchs, de voyages et d’entraînements, nous avons défini que le lendemain d’un match était le meilleur moment. J’ai été absent pendant 15 heures, c’est ridicule de devoir justifier cela, je n’accepte en aucun cas que mon professionnalisme, ma dignité et mon cœur pour ce métier soient remis en cause. S’il y a un parfait exemple de professionnalisme, c’est bien moi. Je n’ai jamais raté un match, pas seulement avec la Roma, je parle de 23 ans ».
Comment repartir après le derby ?
« La réponse est simple : le match est terminé et nous avons perdu. Nous avons fait certaines choses bien et d’autres non. Nous avons analysé ce que nous n’avons pas bien fait, en cherchant toujours à nous améliorer dans le cadre de nos limites. D’un point de vue personnel, je recommence comme je le fais depuis 23 ans, match analysé, match terminé et prochain match. Il n’y a pas d’autre histoire ».
On parle beaucoup d’un Milan en difficulté, quelle équipe pensez-vous affronter ?
« Une équipe qui joue pour le titre, une équipe championne il y a 2 ans. Évidemment, il semble que la distance de points entre eux et la Juventus et l’Inter soit une distance qui n’est pas facile à combler, mais c’est cette équipe, celle qui a perdu quelques joueurs importants sur blessure dans la zone défensive, mais qui sont bien là au milieu de terrain et en attaque. Derrière, ils ont perdu 2-3 joueurs mais il en ont pris 2 pour essayer de trouver la solution, Terracciano et Gabbia ».
« Ils vont tout miser sur ce match, ils connaissent nos difficultés, tout le monde les connaît. J’ai parlé à certains joueurs de leur attitude et je n’ai aucun problème car j’ai un grand respect et une grande loyauté dans mes relations avec eux. Il n’y a rien que quiconque puisse ou voudrait dire à mes joueurs que je n’aie pas dit. Je ne me ménage pas là-dessus, je me ménage devant vous, je sais comment ça marche dans le football, je sais parfaitement qu’au final si un joueur fait une erreur, le résultat final et la responsabilité incombe à l’entraîneur ».
« Hier, le debriefing a été rude, notamment pour certains joueurs. Collectivement et défensivement, l’équipe a été parfaite, on a pris un but qui commence avec notre remise en jeu, nous n’avons même pas été capables de faire une remise en jeu positive et nous l’avons transformé en corner. Et après un penalty d’un jeune de 18 ans avec 55 minutes de Serie A, je n’ai jamais dit que ce n’était pas un penalty, j’ai dit que c’était un penalty des temps modernes et que les temps modernes en matière d’arbitrage sont inférieurs en termes de protection ».
« Lors du debriefing d’hier, tout a été dit, puis il y a eu un entraînement à 6 joueurs. Ensuite, c’est difficile de travailler sur le terrain et d’essayer d’améliorer les choses. Le message est passé, et il y a des joueurs qui forcément d’un point de vue individuel doivent donner plus ».
Après la finale de Budapest, vous aviez demandé une personne supplémentaire en soutient au niveau de la direction. Vu la colère des supporters, la première fois depuis votre arrivée, comment est-il possible que personne du club n’ait dit un mot aux tifosi ? Avez-vous quelquechose à leur dire ?
« Je suis aussi la società. Je ne suis pas un haut fonctionnaire, je suis entraîneur mais je reprèsente aussi le club. Tant que je suis ici, je me considère comme la società, je considère que mes paroles sont des paroles que les personnes de l’extérieur veulent entendre, je veux être toujours loyal, correct dans mes relations avec la société. Ce n’est pas qu’un devoir, c’est ma façon d’être et en ce moment je pense que mes propos sont très objectifs ».
« Je ne sais pas combien de derbys j’ai joué dans ma carrière, 200, 150, c’étaient des matchs spéciaux, j’ai gagné, j’ai fait match nul, j’ai perdu, toujours avec une façon différente de vivre celà. J’ai toujours compris que pour un fan de Chelsea, jouer contre Arsenal n’est pas la même chose que jouer contre Manchester City, que pour un fan de l’Inter, jouer contre la Juventus n’est pas la même chose que jouer contre la Roma, j’ai compris ce que signifie un derby ».
« Le derby que nous avons gagné est un derby lourd. Il y a des derbys avec des victoires et des défaites et des derbys avec des humiliations, le derby que nous avons gagné était une humiliation, les derbys que nous avons perdu, on les a perdus à cause d’un détail, à cause d’une erreur arbitrale ou personnelle, on l’a fait avec la dignité de ceux qui donnent tout, nous sommes sortis la tête propre, en donnant tout dans la difficulté. En donnant tout jusqu’à la dernière seconde, même avec le sentiment que certains joueurs devaient donner plus, nous avons terminé le match avec deux belles occasions d’égaliser ».
« La fierté d’être supporter de la Roma et la fierté de travailler pour les supporters de la Roma sont présentes ici, mais c’est sur le terrain qu’il faut mettre dans les yeux des gens cette attitude supplémentaire qui va à l’encontre de tout et de tout le monde. Je comprends que les gens ne soient pas contents de certaines situations qui sont hors de leur contexte pour moi, mais en fin de compte, ce n’est pas le cas. Parce que ce n’est pas un sport individuel, c’est un sport collectif dans lequel la différence d’attitude des uns influence les autres ».
« La responsabilité m’appartient, elle est individuelle pour les joueurs, c’est la situation que nous avons qui ne nous permet pas d’exclure quelqu’un, si j’exclus quelqu’un je ne sais pas si demain j’irai avec 15 ou 16 joueurs. C’est une situation multifactorielle qu’il m’est difficile de décomposer à partir de ces nombreux facteurs. Toujours pour être juste, quand je parle ici, je pense toujours que cela reste ici, parfois ça sort et ce qui sort n’est pas vrai et parfois ça sort et c’est vrai, mais quand je parle, je pense toujours à parler en interne, avec les joueurs, et avec le staff. Parfois je parle aussi de moi, pour demander aux joueurs de faire mieux, je dois aussi me mettre dans une position où ils peuvent dire la même chose de moi et je peux moi-même faire de l’autocritique du haut de mon expérience ».
« Hier, j’ai dit quelque chose d’objectif, que j’aurais pu faire mieux dans certains matchs. J’ai identifié un match où je n’étais pas content de moi. Quand je vais à des matchs où j’ai le sentiment d’être pleinement conscient que mon travail est bien fait, je me sens trahi par des situations individuelles qui punissent l’équipe. Cette période est très très difficile, avec de nombreux affrontements directs, et avec un très petit groupe de joueurs ».
« Si quelqu’un ne veut pas interpréter cela comme une réelle difficulté, ce n’est pas correct. La critique, c’est bien, mais oublier la difficulté de notre moment est fou. Le match que nous avons gagné contre Cremonese, comment l’avons-nous gagné ? Quels risques avons-nous pris ? Comment s’est terminée la ligne défensive ? Kristensen joue alors qu’il est latéral, Mancini joue alors qu’il ne s’est pas entraîné depuis un mois, Huijsen joue avec 10 minutes de Serie A, Llorente peut peut-être jouer mais il doute, Mancini joue au centre car il n’y en a pas d’autres… Si les gens veulent ignorer cette situation, ce n’est pas bien ».
« C’est là que je dois défendre le groupe, y compris les personnes qui ne sont pas au niveau de performance individuelle attendu. C’est un groupe de joueurs qui travaillent et souffrent lorsque le résultat n’est pas celui attendu. Nous avons perdu le derby, nous avons un championnat à jouer, nous sommes à quatre points d’un objectif qui, sans nous, serait impossible. Le potentiel des équipes du top 4 n’est pas comparable chez nous. Les supporters de la Roma sont les plus incroyables que j’ai jamais vu ».
« L’entraîneur s’appelle José Harry Mourinho Potter et il suscite des attentes, nous combattons quelque chose de très difficile et personne ne nous dira que nous ne pouvons pas nous battre. Avec Milan nous serons là, je serai désolé de ne pas être sur le banc, je serai dans les tribunes, dans un habitat où je ne suis pas le bienvenu, mais je serai là en essayant de faire mon travail comme je peux le faire il. Nous y allons avec tout ce que nous avons et avec la certitude que les garçons donneront tout, car eux aussi souffrent lorsque le résultat n’est pas positif ».
Dybala disponible demain ?
« Je ne pense pas ».
Il y a un footballeur comme Dybala qui, historiquement, joue un match sur deux : comment est-il possible de résoudre ce problème ? Quelle est la solution à trouver quand Dybala n’est pas là ?
« Rechercher des solutions pour jouer sans Dybala n’est pas la même chose que trouver la solution pour jouer sans Haaland pour Guardiola, car il a Alvarez. Si Sterling ne joue pas pour Pochettino, alors il y a Mudryk, pour Klopp si Diaz ne joue pas, Jota joue et s’il ne joue pas, Nunez joue, ce n’est pas la même chose. La Roma vit une situation du point de vue de l’accord de FPF dans laquelle elle a de grandes limitations et cela se voit sur le terrain, pendant la saison, lorsqu’un problème survient, il n’y a aucun moyen de le cacher. LA società a fait un effort économique pour avoir Smalling, Smalling n’est pas disponible et on ne peut en avoir un autre. La Roma a fait un effort économique pour avoir Renato Sanches, aujourd’hui il n’est pas là et on ne peut pas en avoir deux car les enjeux ne permettent pas d’avoir un autre joueur au même poste qui soit disponible. Dybala est un joueur vraiment spécial qui, ces dernières années, a joué dans une équipe avec d’autres joueurs spéciaux. Quand il ne jouait pas, quelqu’un d’autre jouait, parfois il était sur le banc et parfois il entrait, nous n’avons pas d’autre joueur avec ses caractéristiques. Le match contre la Fiorentina semblait être 3-0 après 20 minutes, quand il est parti, nous avons perdu cette connexion que Belotti, El Shaarawy ou Joao Costa ne garantissent pas. Joao Costa sera appelé demain. Si quelqu’un ne veut pas comprendre que la Roma sans Paulo Dybala est différente, je ne peux pas en dire beaucoup plus ».
Y aura-t-il des choix importants après le derby ? Ou, au final, joueront toujours les mêmes ?
« Si vous me demandez si l’équipe sera la même, ce ne sera pas la même. Paulo ne débutera pas. J’apporterai certes quelques modifications, mais il n’y a ici aucune intention ni de punir, ni d’attirer l’attention sur un individu en particulier. Nous devons construire un puzzle, tant d’un point de vue tactique que mental, qui puisse nous permettre de rivaliser. L’équipe la plus tactique est celle qui a le moins de capacités au niveau technique, lorsque le niveau tactique est très élevé on travaille sur des principes qui permettent aux joueurs sur le terrain d’exprimer leur potentiel ».
« Nous sommes basés sur l’organisation et le détail du jeu, nous sommes une équipe qui suit un chemin très bien défini, ce sont les principes sur lesquels nous travaillons sur le terrain. Nous sommes très peu nombreux, nous étions peu nombreux, Azmoun est absent, Paulo est absent et nous sommes deux de moins. Je suis ici avec toi parce que je ne serai pas là après le match, la semaine prochaine il n’y aura pas de match et je ne serai pas avec toi, je serai là pour répondre à quelques questions, s’il y a besoin de quelqu’un qui peut donner une sorte d’explication, c’est moi, qui de temps en temps dois assister à une conférence de presse pour des questions réglementaires ».