Napoli-Roma – La règle de(s) trois…

D’un dimanche à l’autre, de Milan à Naples en passant par l’Olimpico, hormis ses points au classement, la Louve a réussi l’exploit de tout multiplier par trois : les formations, les humiliations, les tensions et surtout les défaites.
Le résultat du « derby del sole » a renforcé une crise structurelle, de plus en plus noire, dans laquelle la Roma s’enfonce toujours plus profondément match après match…

Pau Lopez
photo : asroma.com

Comme il était facile de le pronostiquer au vu de ses deux précédentes sorties, l’équipe de Fonseca est rentrée bredouille de son déplacement au pied du Vésuve. La rencontre a confirmé que malgré les mots et les « promesses », les comportements et les résultats ne changements pas…

Trois petits tours et puis s’en vont…

Un proverbe italien dit : « Se il buongiorno si vede dal mattino, il brutto giorno sin dall’alba » (littéralement « Si une bonne journée se voit depuis le matin, une mauvaise se voit dès l’aube ». Il colle parfaitement à la journée de dimanche vécue par la Roma.

Pour commencer, arrêtons-nous sur les images des joueurs à la gare Termini diffusées par le club sur les réseaux sociaux. Au-delà de la question de leur pertinence (…), que nous montrent-t-elles ? Chacun se fera son idée, mais dans tous les cas, difficile d’y voir de l’envie, de la détermination, une volonté de retourner les montagnes ou même de la fierté ! Bien au contraire, pour certains les regards et les attitudes étaient plutôt celles de l’anxiété et de la résignation précédent « une nouvelle condamnation » et pour d’autres et celles d’un départ en « excursion touristique ». Donc pour la préparation psychologique d’une équipe qui doit avant tout prouver qu’elle n’est pas encore « morte », on a déjà vu mieux… Vous avez dit préparation mentale ?!?

Pellegrini masque
photo : asroma.com

Et comme l’annonçait le dicton, la mauvaise journée s’est donc conclue comme elle avait commencée, avec des visages résignés, sans envie ni ambition. La Roma « en mode touriste » a donc fait son troisième petit tour de la semaine (pour ne pas dire pique-nique) et s’en est retournée bien « tranquillement » à Trigoria cherchant, non pas des solutions mais des excuses…

Dans un club professionnel ambitieux normalement constitué, la troisième défaite est synonyme d’alarme générale ou du moins de prise de conscience que la machine ne tourne plus et qu’il faut y remédier urgemment d’une manière ou d’une autre (ritiro au centre d’entraînement, punitions, retenues sur salaire, etc.) ! Et bien non, à la Roma on ne cherche pas d’électrochoc pour tenter de modifier le cours des choses. Au contraire, on continue de plus belle comme si de rien était ! Pas grave de se faire humilier à chaque rencontre, tant que les sous arrivent pourquoi forcer toute once d’orgueil ayant de toute façon disparu…!?

Jamais deux dans trois…

Pour la troisième fois en huit jours, Fonseca a donc concocté une nouvelle formation totalement inédite qui, une fois encore, s’est révélée défaillante à tout point de vue.
En chantier perpétuel, la Roma n’a même plus de colonne vertébrale sur laquelle se reposer. Un constat grave qui met en lumière un effectif, bien qu’ample, pas du tout équilibré en termes de besoins, contraignant le coach a joué les « apprentis sorciers » à chaque sortie. Comment insuffler de la confiance et de la stabilité dans ces conditions ?

Terminée en équilibre, la première mi-temps a vu une Louve jouer de manière assez rigide cherchant surtout « à rester à flot » au travers d’une prestation plus ou moins disciplinée. Face à un Napoli distrait, les 45 premières minutes de jeu ont permis à la Roma de faire illusion, bien qu’elle n’ait jamais été en position de prendre le match en main malgré quelques occasions nettes.

La seconde période va néanmoins venir confirmer que l’équipe de la capitale vit des heures très difficiles aussi bien au niveau mental que physique. Fébrile dès son retour sur le terrain, les Giallorossi ont subi le rythme du Napoli qui, en élevant son niveau de son jeu, a logiquement pris l’avantage… 
A la surprise générale, la Roma parvient à égaliser quelques minutes plus tard grâce à une percée solitaire de Mkhitaryan. Malheureusement, toujours aussi incapable de prendre le jeu à son compte, notamment en raison d’une condition physique défaillante, la Louve va dès lors surtout tenter de repousser les assauts napolitains jusqu’au but décisif d’Insigne qui va définitivement sceller le score de la rencontre et sa troisième défaite de rang.

Fonseca
photo : asroma.com

Des trois « D » du sport aux trois « V » de la Roma

Pour réussir dans le sport, dans toutes les disciplines, il y a la règle des trois « D » : Détermination, Disponibilité et Discipline. Néanmoins, il est assez clair qu’elle ne semble plus avoir cour à Trigoria, du moins pas dans sa version traditionnelle :

  • Détermination : comme évoqué plus haut, dès le quai de gare, il était visible que les joueurs ne s’étouffaient pas sous une détermination sans faille. Leur fébrilité s’est d’ailleurs ressentie tout au long de la rencontre semblant attendre « l’inéluctable »…
    La Roma s’est pourtant créée quelques occasions de but qui, sans dire qu’elles auraient changé l’histoire de la rencontre, elles auraient pu donner un regain de confiance à l’équipe, surtout en première mi-temps. Mais pour être présent dans les moments décisifs, il faut justement de la détermination ! Pellegrini en est encore une fois l’exemple parfait en manquant à deux reprises des occasions nettes en raison d’un mental qui n’est de loin pas à la hauteur de son talent technique.
  • Disponibilité : alors là on repassera car malgré les couches de Photoshop que passe les chargées de communication de la Roma, il est plus qu’évident que désormais chacun à la tête à tout sauf au football provoquant une partie du marasme actuel.
  • Discipline : oui la Roma a joué une première mi-temps plus ou moins disciplinée, mais pour le reste, la signification de ce mot semble avoir disparu du vocabulaire des joueurs depuis la reprise post-confinement.

La prestation de dimanche soir a donc, une fois encore, mis en évidence les limites d’une équipe pas du tout adaptée à ses objectifs, sans orgueil ayant perdu toute ambition, dont les prestations peuvent se résumer non pas par trois « D » mais par trois « V » : Vantardise (au micro on va réussir des miracles), Vénalité (toujours plus de salaires, toujours moins de performances) et Vacances (on est en été, il fait chaud, où sont les cocktails et la piscine ?) !

Les trois faits à retenir

Au-delà de la prestation générale de la Roma qui a été incapable de montrer son jeu (s’il en existe un ?), retenons les retours dans les buts de Pau Lopez et celui tant attendu de Zaniolo. Le gardien espagnol a réussi sa rentrée en réalisant un bon match (certainement le meilleur de l’équipe) malgré une Louve en plein doute. Le retour du prodige n’a quant à lui (malheureusement et logiquement) rien apporté au niveau du jeu, au-delà du plaisir de le revoir sur pied.

Zaniolo
photo : asroma.com

Dernier élément à noter, la blessure de Smalling. Obligé de quitter l’aire de jeu dès la première mi-temps, l’Anglais sera contraint de manquer la rencontre face à Parme, fragilisant d’autant une défense déjà en mal de repère…

Et dans 3 jours ?

Le futur immédiat de la Roma c’est déjà le match face au Parma, tout juste trois jours après le Napoli.

Qu’en attendre ? Pas grand-chose car après trois défaites de rang, les limites et l’attitude vu sur le terrain depuis une semaine, difficile de s’attendre à quelque chose de positif, surtout si l’on considère le manque de réaction des dirigeants qui se bornent uniquement à renouveler leur confiance au coach portugais (d’ailleurs comment pourrait-il en être autrement, limoger Fonseca ne servirait strictement à rien dans la situation actuelle, la Roma n’ayant pour l’heure aucune alternative valide). 
Mais par respect pour eux, l’espoir étant toujours le dernier à mourir, les tifosi pourraient au moins attendre que la Louve mette fin à l’hémorragie, bien qu’on puisse (malheureusement) fortement en douter…

Maintenant que le « bateau Roma » s’est pris « l’iceberg napolitain » comme on le craignait (voir Roma–Udinese – L’affligeante dérive d’une équipe sans âme, sans orgueil et vidée de toute ambition.) privant ainsi Ennio Morricone (grand Romanista s’il en est…) d’une dernière satisfaction footballistique, voyons si « le navire giallorosso » va parvenir à rester à flot ou s’il va continuer à s’enfoncer dans des eaux toujours plus sombres..!?

101% Romanista

🖊Rédacteur et historien 📜 🐺 Romanista depuis plus de 3 décennies ❤️💛 🎙 Chroniqueur passionné sur Roma Locuta