Spinazzola : « Je veux être de retour en novembre – Mourinho a fait grande impression »
Leonardo Spinazzola s’est livré sur de nombreux sujets dans une interview exclusive livrée à ‘il Romanista’.
Traduction en français pour AmoRoma.fr – article original sur Il Romanista
« En novembre ». Comment, en novembre ? « Je serais de retour en novembre ». Mais dans quel sens « en novembre », Leo ? Tu veux dire que tu vas reprendre l’entraînement sur le terrain en novembre pour recommencer progressivement ? « Non. Je veux dire qu’en novembre je serai disponible pour le coach pour recommencer à jouer. Dans ma tête il n’y a que cette date. D’autres ont réussi, je vais essayer aussi ».
Leo, tu le dis avec tellement de confiance que nous sommes sûrs que ce sera vraiment comme ça.
« Pour le moment, je me repose après tant de journées très chargées. J’ai emmené ma famille un peu à la mer, Il me faut un peu de repos. J’ai tellement sauté pour fêter ça… mais pour la victoire du Championnat d’Europe j’aurais même pu sauter sans jambes ».
Ta femme a dû s’inquiéter en te voyant sauter partout…
« Elle avait peur. Elle avait peur que je glisse dans les vestiaires. Elle m’a beaucoup parlé et j’ai été prudent. Dans les vestiaires, dès que le ‘spumante’ (mousseux italien) a commencé à couler, je me suis assis. J’ai chanté mais assis ».
Avais-tu déjà ri et pleuré avec autant d’intensité en si peu de jours ?
« Malheureusement oui. Mais ici j’ai ri, pleuré puis au final j’ai encore ri. il y a trois ans, des émotions indescriptibles quand mon fils est né, mais deux jours plus tard, je me faisais les croisés ».
Des émotions débordantes
« Pendant une semaine, j’étais un peu abasourdi. L’adrénaline montée très vite, je mangeais peu et avais dessuite la nausée, je buvais peu… J’ai vécu ce moment sur des montagnes russes. J’arrive toujours pas à croire que nous ayons vraiment gagné. Et si je pense au travail que j’ai à faire… ».
Ca te déprime ?
« Au contraire, j’ai hâte. je suis très motivé ».
Quel est le programme ?
« Retour à Trigoria le 2 août, un mois après la blessure. Je vais faire de la mobilité de la cheville sous la tutelle de kinésithérapeutes, mais pendant six semaines je ne pourrai même plus mettre le pied à terre, puis ensuite je m’aiderai de béquilles mais toujours avec une faible charge. Mais je ne reste pas immobile pour autant. J’ai déjà enlevé les points de suture et là pendant que nous parlons, je suis allongé sur le lit, mais je bouge mon pied de haut en bas, pour faire sentir au muscle que je suis là, qu’il doit travailler. Je ressent déjà des améliorations ».
Sur la blessure, lorsque la douleur s’est faite ressentir, as-tu de suite réalisé que ton tendon avait lâché ?
« Non non, je n’ai ressenti aucune douleur. J’ai entendu comme un coup de feu. Alors que je courais du coin de l’œil, j’espérais voir quelqu’un derrière moi qui m’avait frappé. Quand j’ai réalisé qu’il n’y avait personne, j’ai tout de suite su que le tendon s’était rompu. Mais aucune douleur. J’ai pleuré seulement parce que j’ai réalisé ce que j’allais manquer. Je n’ai ressenti qu’un peu de douleur la première nuit après l’opération lorsque l’effet de l’anesthésie s’est estompé ».
Pense-tu que cela aurait pu être évité ?
« Malheureusement non, ce n’était pas quelque chose de prévisible. Deux mois plus tôt, j’avais fait une IRM et le médecin avait trouvé le tendon parfaitement intact. Mais c’est comme ça, et maintenant je pense à l’avenir ».
Tu as l’air d’avoir un très bon caractère. Ton sourire est très communicatif.
« J’ai un bon caractère. Depuis presque deux ans maintenant ».
Tu fais référence au transfert avorté à l’Inter ? Ce fut un tournant dans ta vie ?
« Oui, ça m’a fait mal d’être traité de boiteux. A partir de cet épisode, j’ai trouvé toute la force du monde pour revenir et montrer à tout le monde ce que je suis vraiment. Maintenant, plus rien ne me fait peur. Je suis beaucoup plus calme mentalement. J’ai le meilleur travail au monde, j’ai une famille merveilleuse et nous allons bien. Que demander de plus ? ».
C’est agréable de t’entendre dire ça.
« Merci. Je sais que je vais aussi traverser cette période compliquée et que je reviendrai parfaitement intact ».
Tu es devenu le meilleur arrière gauche du monde durant cet Euro. Que s’est-il passé ?
« J’ai donné de la continuité à mon jeu en jouant régulièrement à gauche. Déjà à l’Atalanta, avant d’aller à la Juventus, j’avais joué à ce niveau. Je me souviens de matchs magnifiques contre le Borussia Dortmund et contre Lyon. Mais à ce moment là, il n’y avait pas autant d’interet autour de l’Atalanta que ces deux dernières années. Et donc, on n’en a pas beaucoup parlé. Mais je jouais comme maintenant avec l’Italie ».
Tu as également grandi dans la phase défensive.
« C’est vrai, j’ai grandi dans ce secteur également. Surtout dans la concentration, peut-être qu’avant je pouvais perdre ma concentration quelques minutes. Plus maintenant ».
Concernant la Roma, ton agent, Davide Lippi, était un peu énigmatique sur ton avenir pendant le Championnat d’Europe. Comme s’il n’était pas sûr que tu restes à la Roma.
« je peux t’assurer que je n’ai même pas abordé ce sujet avec Davide. Je ne voulais vraiment pas penser à autre chose qu’à l’Euro, donc l’idée ne m’a jamais effleuré ».
La Roma veut prendre Viña par précaution pour te remplacer en ton absence : es-tu inquiet ?
« Jamais dans la vie. J’en suis même content. Jusqu’à mon retour, Riccardo (Calafiori, ndlr) ne pouvait certainement pas jouer à tous les matchs. Viña est le bienvenue, et puis peut-être que ceux qui disent que je reviendrai en février ont raison… ».
Concernant Mourinho ?
« Je lui ai parlé au téléphone avant le championnat d’Europe puis à mon retour à Trigoria. J’ai vu un entraînement, le premier amical. Il me semble une bonne personne. Mais on voit tout de suite que c’est dur, c’est beaucoup de choses. D’après ce que j’ai entendu de mes coéquipiers, il a tout de suite laissé une grande impression ».
Zaniolo est déjà passé par là, le destin vous rassemble t-il un peu ?
« Je me sentais avec Nico, il m’écrivait lors de l’Euro. Il m’a dit qu’il avait hâte qu’on se lance sur les ailes. Zano est un animal, je l’ai vu aussi en match amical, il a déjà commencé… Et puis ces blessures vous font grandir, elles vous font comprendre beaucoup de choses sur la vie, sur les valeurs les plus importantes, je suis sûr qu’on le verra plus mature. Ce pourrait être son année et si c’est le cas ce le sera aussi pour la Roma ».
As-tu pensé à ce qui pourrait arriver si vous gagniez avec la Roma et que vous traversiez la foule dans le bus à toi ouvert ?
« Non seulement je l’ai pensé, mais je l’ai aussi dit. Il y aurait eu trois fois plus de personnes ».
Je voudrais terminer avec Cristante. L’image de lui vous tenant presque dans ses bras en attendant l’arrivée des médecins était belle.
« Oh mon Dieu, pas si belle. (rires) Mais je l’ai tellement remercié… ».
Les autres ne se sont même pas approchés…
« C’est vrai, mais par sensibilité. Giorgio Chiellini, par exemple, n’a eu la force de me serrer dans ses bras que lorsqu’il m’a vu rire à nouveau. Mais à la fin, ils étaient tout autour de moi dans le vestiaire, on avait l’impression d’avoir perdu. Mais après vingt minutes où nous avons parle, j’ai recommencé à sourire et là, nous avons recommencé à faire la fête. Et je n’ai pas encore arrêté ».